Presque une décennie s’est écoulée depuis la sortie de l’album Mayok Flèr (2013), classique instantané qui a propulsé – le très discret – Zanmari Baré sur le devant de la scène maloya réunionnaise, dans les pas de son ami Danyèl Waro, maître incontesté de ce « blues rebelle de l’île » hérité des esclaves, aux racines africaines, malgaches et indiennes.
Aujourd’hui, Zanmari Baré sort Sizi, son troisième album, et porte le maloya dans une nouvelle dimension. Traditionnellement mélange de voix et d’instruments ou percussions acoustiques (rouleurs, kayamb, bobre), sous le regard de l’ex-chanteur du groupe Lansiv, le maloya s’enrichit d’influences et d’instruments nouveaux (ukulélé, piano, violoncelle). Sa voix extraordinaire, entre douceur sucrée, chaloupe aérienne et langueur délicate, donne corps aux mots créoles, raconte l’ailleurs, dit la colère des gens ordinaires, épouse les rêves de la jeunesse.
Zanmari Baré se fait ainsi porte-voix d’un maloya littéraire et poétique. Ici, les histoires sont poignantes, les mélodies, des charges d’émotions vives. Mariant avec humilité la candeur tendre de Souchon, le chant intemporel de Brel et l’élégance de Gaël Faye.