L’essentiel de la proposition de loi
La proposition de loi a pour double objectif de protéger et de promouvoir le patrimoine immatériel et la diversité culturelle dont les langues régionales constituent l’une des expressions. Selon la délégation générale à la langue française et aux langues de France, il existe aujourd’hui une vingtaine de langues régionales en métropole et plus d’une cinquantaine dans les outre-mer. Toutefois, leur pratique diminue.
La protection patrimoniale des langues régionales
Le texte reconnait, dans le code du patrimoine, l’existence d’un patrimoine linguistique, constitué de la langue française et des langues régionales. Il inclut dans la définition du patrimoine ces langues et précise le concours de l’État et des collectivités locales dans leur enseignement, diffusion et valorisation.
Il accorde le statut de trésor national aux biens présentant un intérêt majeur pour la connaissance des langues française et régionales. L’appartenance à la catégorie de trésor national entraîne l’application d’un régime particulier de protection. Les biens concernés pourront être, par exemple, des enregistrements ou des manuscrits anciens.
Sur amendement des députés(nouvelle fenêtre), des dispositions de la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, dite « loi Toubon »(nouvelle fenêtre), ont par ailleurs été réécrites afin de préciser « qu’elles ne font pas obstacle à l’usage des langues régionales et aux actions publiques et privées menées en leur faveur ». Selon les auteurs de l’amendement, la rédaction actuelle de la loi est trop imprécise et a servi dans de trop nombreux cas à faire obstacle à l’usage des langues régionales.
L’enseignement des langues régionales
À l’initiative des sénateurs, des mesures sur l’enseignement des langues régionales, prévues initialement dans la proposition de loi mais supprimées par les députés, ont été réintroduites.
Le code de l’éducation est modifié pour :
- consacrer une troisième forme d’enseignement des langues régionales, l’enseignement immersif (enseignement effectué pendant une grande partie du temps scolaire dans une langue autre que le français). Aujourd’hui, malgré un intérêt croissant pour cet enseignement, celui-ci n’est pas possible dans les écoles publiques ;
- obliger les communes de résidence, qui ne disposent pas d’écoles bilingues, à contribuer aux frais de scolarité des écoles privées sous contrat proposant un enseignement bilingue (nouvelle fenêtre)(comme les écoles Diwan en Bretagne). De nombreux contentieux existent sur ce forfait « scolarité » instauré par la loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance mais uniquement de manière volontaire ;
- généraliser l’enseignement des langues régionales comme matière facultative dans le cadre de l’horaire normal d’enseignement (de la maternelle au lycée)(nouvelle fenêtre), sur le modèle développé en Corse depuis 20 ans.
Sur amendements des députés, le gouvernement devra remettre au Parlement deux rapports sur l’enseignement des langues régionales.
L’emploi des langues régionales dans les services publics et les actes d’état civil
La signalétique bilingue est désormais reconnue dans la loi. Le texte autorise de façon claire les services publics à recourir à des traductions en langue régionale par exemple sur les bâtiments publics, les panneaux de signalisation, mais aussi dans la communication institutionnelle.
De plus, tous les signes diacritiques en langue régionale dans les actes d’état civil seront désormais autorisés. Il s’agit par exemple de l’accent aigu sur le « i », le « o » ou le « u », utilisé en catalan ou encore du tilde, utilisé en breton et en basque. L’emploi des signes diacritiques est actuellement régi par une circulaire de 2014. Cette circulaire, qui donne une liste limitative des signes autorisés, a suscité des contentieux. Il s’agit de mettre fin aux difficultés rencontrées par les parents qui choisissent des prénoms traditionnels régionaux.