Site d’informations culturelles de La Réunion

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L’article de cette semaine, inspiré par « LE QUOTIDIEN » à propos des prochaines élections, est un excellent exercice de réflexion, pour les prochaines régionales par exemple.
Pour nous parler des prochaines consultations, « LE QUOTIDIEN » annonce : « Robert contre Fontaine ». Un duel à droite. Et la gauche ? » La gauche éparpillée façon puzzle »a disparu nous dit le journal. « Le véritable combat est à droite, dans ce duel fratricide, qui devrait dominer les deux prochaines années électorales. »
A première vue, les prochaines élections se ramènent à deux personnes : Robert et Fontaine. C’est peu, et en plus, c’est le premier piège. Le problème n’est pas seulement local. Les derniers présidents de la République ont été autant de pièges de ce genre. Ils ont été élus comme champions – personnellement – du changement. Six mois après, les électeurs, dont une partie des leurs, étaient dans la rue, en colère. Il y avait malentendu sur le contenu du changement. Au bout du compte, ces présidents n’ont pas été réélus, ils ont été sanctionnés. Cela n’a pas empêché les successeurs – successeurs des candidats et successeurs des électeurs – de retomber dans le piège.
Le piège consiste à mettre sa confiance dans une personne (celle-ci ou celle-là, selon son camp : Robert ou Fontaine). S’il peut être utile, s’il peut être bon qu’une cause soit incarnée par une personne, il est néfaste, dans une élection, que cette personne soit seule, qu’elle ne soit pas intégrée dans une équipe, une équipe dont il est le coordinateur, l’animateur, le responsable. Quelle est l’équipe de Robert ? Quelle est l’équipe de Fontaine ? On ne parle pas de militants, d’obligés, de suiveurs ; on parle d’équipiers, d’hommes ou de femmes qui, à la connaissance des électeurs, ont travaillé le programme avec le candidat ou la tête de liste, qui connaissent, chacun dans un domaine particulier, ce dont ils parlent et qui pourront faire bouger les lignes, en plus de partager la même philosophie, la même vision générale des choses, les mêmes objectifs. Il s’agit d’éviter que le président ou le maire soit le seul, avec une bande d’amis de l’ombre, à conduire les affaires et que les vice-présidents ou les adjoints, ignorants des problèmes dont ils ont nominalement la charge, ne fassent que de la figuration avec les avantages attachés à la fonction, sans les responsabilités. La liste des candidats doit être une équipe d’hommes et de femmes qui, avec leurs convictions et leurs connaissances, ont fait ensemble un programme et partageront réellement des responsabilités d’élus.
Le deuxième piège consiste à prendre au sérieux des programmes rédigés pour attraper des voix, ce qu’ils sont habituellement. Je lis et relis actuellement le programme d’un candidat à la présidence de la République. Celui qui l’aurait lu au moment de l’élection, aurait trouvé dans ce texte toutes les sources des malentendus des six mois suivants.
Robert et Fontaine ont-ils un programme ? Affirmatif, comme disent les militaires. A en croire les journalistes du « Quotidien », font l’objet de leurs programmes communs mais concurrents, l’incinérateur, les transports en commun, les aéroports. Fontaine est pour l’incinérateur, Robert est contre ; Robert et Fontainesont en guerre au sein du syndicat mixte des transports (SMTR), par partisans interposés ; Fontaine trouve que Air Australa trahi. Fi des détails ! Il nous suffit de savoir que ces enjeux concernent de « grands projets » dont les bénéficiaires directs sont ailleurs.
Sans nier l’utilité de ces projets, il est curieux de constater que les sujets qui intéressent plus directement nos compatriotes : les prix, les recrutements, les formations, les producteurs (industriels, agriculteurs, éleveurs, artisans, travailleurs indépendants), les fonctionnaires, eux, sont aux abonnés absents. Ce n’est pas faute, pour tout ce monde, d’avoir manifesté et de protesté ! Ces élus qui sont « dans une bataille de chiffonniers » nous dit le journal, autour des « grands projets », se désintéressent des sujets qui préoccupent des milliers d’hommes et de femmes du pays. Ils ne sont pas responsables, disent-ils et se défaussent sur « l’Etat ». Tout le monde, plus particulièrement les électeurs, tombent dans ce piège et ne trouvent rien à redire. Ils vont manifester sous les fenêtres du préfet qu’ils n’ont pas élu, qu’ils ne peuvent pas sanctionner, qui n’a de pouvoirs que par délégation. Les hommes et les femmes qu’ils ont élus, qu’ils peuvent sanctionner et qui détiennent de vrais pouvoirs, pendant ce temps, sont laissés tranquillement de côté.
Si l’opinion, les citoyens, les électeurs sont d’avis que leurs élus sont irresponsables, il est évident que le monde du « système » est content : les élus pour commencer, qui sont confortablement installés sans responsabilité ; « les gens » qui, pour s’en sortir, se mettent bien avec eux pour bénéficier d’avantages personnels dont ils ne bénéficieraient pas autrement ; le pouvoir central, par habitude à tout le moins, qui s’engouffre dans la brèche, et règle les problèmes à Paris avec les interlocuteurs parisiens qui l’entourent. Nous sommes dans un autre monde. C’est cela, apparemment, qui contente tout le monde, mais qui est dangereux à terme, qu’il faudra régler. Messieurs Robert, Fontaine et autres, y sont-ils décidés ?
Pour revenir à notre réflexion électorale, quelle est l’équipe politique de Monsieur Robert, celle de Monsieur Fontaine et celle de la gauche« éparpillée de façon puzzle » ? Quel est leur programme ? En dehors des « grands projets » ; quel est leur programme pour le peuple : pour les prix et le pouvoir d’achat, pour le recrutement, pour la formation, etc. ? Et, à la base de tout cela, quel est l’appel aux jeunes pour qu’ils répondent, demain, à l’appel que leur lance le pays Le monde, la France, l’Indianocéanie ont besoin des Réunionnais selon la vocation de chacun, mais La Réunion aussi, a besoin d’eux. Qui est l’homme politique qui me dit un jour, que c’est mentir au peuple que de lui dire qu’il y a des emplois pour lui, ici ?… Mais quelle est la force capable de peser sur les politiques pour leur dire d’être plus sérieux, de prendre leurs responsabilités, de ne pas se diviser comme des « chiffonniers », pour reprendre l’expression du journaliste.
L’union des Réunionnais est la première nécessité pour l’île : l’union de la cour, de la varangue et de l’agora, pour qu’ils disent d’une seule voix, au-delà de leurs intérêts différents, qui ils sont et ce qu’ils veulent. Personne d’autres ne pourra remettre l’île sur ses rails et personne ne le fera à leur profit [1]. Nous, Réunionnais, devons retrouver La Réunion là où nous l’avons laissée et la faire évoluer ; là où nos « responsables » ont décidé que nous devions remettre les rennes en des mains qui n’en demandaient pas tant. Personne – individus ou groupes d’individus, séparés – ne pourra faire cela. Ce n’est qu’unis que nous pourrons le faire et que nous pourrons peser sur la classe politique. Nous unir, vraiment…
Paul HOARAU
[1] S’il s’agit de participer ici, au développement de la France, il est important que soit, aussi, développée La Réunion. C’est cette partie de notre responsabilité collective et des politiques locaux qui est délaissée (cf nos précédents JPH). Pour cela, les électeurs ont un autre moyen que le vote des européennes, et les politiques un autre moyen que la bataille de chiffonniers
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