Certains aiment à dire que Cuba produit bien davantage de bons musiciens que de bons cigares. Abraham Mansfarroll Rodriguez ne fera pas mentir l’adage : compositeur, interprète, sa formation à l’Instituto Superior de Arte de La Havane lui a donné une parfaite maîtrise des percussions mais également de solides bases en harmonie classique et en arrangement jazz. Ce qui lui permet non seulement de promener ses baguettes derrière les plus grands mais également de conduire des projets personnels d’envergure. « Manfa » vient ainsi à La Réunion en nonette (et quel nonette !) avec un hommage au grand trompettiste Dizzy Gillespie. Lequel n’est pas simplement co-inventeur du be bop : on se souvient que Dizzy el Afrocubano a aussi été l’un des créateurs du jazz afro-cubain dans les années quarante et que son dernier big band embarquait tout ce que Cuba comptait de meilleur, depuis Arturo Sandoval jusqu’à Paquito D’Rivera. Avec ses compañeros cubanos, Mansfarroll transforme sans les trahir les standards de son abuelo, en alternance avec ses propres compositions, et poursuit ainsi le travail de Dizzy : faire connaître ce que l’Afrique et Cuba ont légué aux musiciens du monde. Et pour qui voudrait ses références, sachez qu’on peut entendre Abraham Mansfarroll derrière Chucho Valdes, Ibrahim Maalouf, Alfredo Rodriguez, David Murray, Fred Pallem, Manu Katché ou Papa Wemba…