Site d’informations culturelles de La Réunion

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J’ai ressenti le besoin de raconter un Haïti avec une vision de l’intérieur.

Réalisateur et producteur, Samuel Suffren dirige l’association Kit, un collectif de photographes et de cinéastes haïtiens à Port-au-Prince. En tant que lauréat 2022 du programme Visas pour la création de l’Institut français, il a été accueilli en résidence à la maison des écritures du Centre Intermondes de la Rochelle pour son projet de long-métrage, Je m’appelle Nina Shakira. Récipiendaire du prix Paul Robeson au FESPACO 2023 pour son film Agwe, il évoque son pays, mais aussi le phénomène migratoire, dans des œuvres éclectiques. Entre deux projets, il nous parle de ses principales inspirations et d’une terre à l’héritage imposant.

Pouvez-vous revenir, en quelques mots, sur votre parcours ? À quel moment est née votre passion pour le cinéma ?

Ayant été longuement photographe, mon attrait pour le cinéma vient de cette premièrement passion. J’ai après rencontré une communauté de cinéphiles venant la plupart du ciné Institute de Jacmel en Haïti. Ensuite est née l’idée d’un club de cinéma. Durant cette époque, on visionnait des films de Wong Kar-Wai, Ousmane Sembène, ou encore de Pier Paolo Pasolini, qui m’ont énormément marqué. Ma vision photographique commençait à être imbriquée de cet univers cinématographique qui m’a donné une envie de narrer quelque chose différemment de ce que je voyais sur Haïti. J’ai alors ressenti le besoin de raconter le pays avec une vision de l’intérieur.

 

Vous dirigez l’association Kit, un collectif de photographes et de cinéastes haïtiens basé à Port-au-Prince. Quel a été le point de départ de ce projet ?

Le point de départ reste, à nouveau, la création du ciné-club. Nous étions une vingtaine et avions une petite salle en bas de chez moi, où nous regardions des films chaque dimanche. Nous avons ensuite voulu lancer le mois du documentaire puisque c’était un genre difficile à visionner et, finalement, nous nous sommes dit qu’il serait plus intéressant d’en faire profiter plus de personnes. Le mois du documentaire est finalement devenu la semaine du documentaire et nous avons imaginé un festival, qui en est aujourd’hui à sa 5e édition. Nous avons créé une plate-forme de contenus multimédias en ligne et organisons également des formations en audiovisuel pour initier plus de jeunes au métier.

 

Votre film, Agwe, évoque les problématiques migratoires et le phénomène boat-people. Quelle a été votre inspiration majeure lorsque vous avez choisi de mettre en scène cette histoire ?

Je suis né avec le fantasme du rêve américain car mon père voulait à tout prix partir aux États-Unis. Il a pris un bateau en 1980 pour USA, alors qu’il avait 30 ans, et s’est retrouvé vingt-deux jours en mer sans jamais arriver à destination. Heureusement, lui et les autres occupants ont été secourus par un bateau commercial qui rentrait en Haïti. Mon père m’a longuement raconté cette histoire et il souhaitait que j’aille aux États-Unis. Entre-temps, j’ai voyagé dans plusieurs pays dans le monde, mais je n’ai pas encore été aux USA, peut-être à cause de ça. Mon père est finalement décédé sans jamais y avoir mis les pieds et, depuis, j’ai développé une sorte d’obsession sur le sujet. Comment quelqu’un peut laisser sa terre natale, sa patrie pour prendre un bateau vers un rêve incertain ? Je me suis donc intéressé à la personne qui reste et à la manière dont on peut attendre son mari, sa femme, son enfant, pendant dix, quinze ou vingt ans, parfois sans espoir de retour.

 

Agwe a reçu le prix Paul Robeson pour les films des diasporas au Festival FESPACO en 2023. Cette récompense a-t-elle eu un impact sur la diffusion du film ?

J’ai surtout été très content et fier que le film ait été aussi bien reçu à FESPACO car je m’identifie beaucoup au cinéma africain. Être reconnu par ses pairs, c’est définitivement très important. Le film a tout de même eu des sélections majeures avant d’arriver à FESPACO, mais ce prix a été un tournant, une reconnaissance, qui a été pour moi d’une grande valeur. Il y a eu, ensuite, des demandes pour être diffusé dans des festivals internationaux, des musées en France ou encore des universités aux USA, qui donne à cette récompense une résonance encore plus spéciale.

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